Les précipitations tout au long du cycle de la vigne
Pour comprendre l'impact de la pluie sur les millésimes, il faut d'abord se pencher sur le cycle annuel de la vigne. Chaque étape de sa croissance – de la dormance hivernale à la vendange automnale – est influencée par les précipitations, parfois de manière déterminante pour le résultat final.
L'hiver : la recharge du sol
En hiver, lorsque les vignes sont en dormance, les fortes précipitations peuvent être une bénédiction. C'est la saison où les sols se rechargent en eau, un élément vital pour soutenir la vigne durant les périodes les plus sèches. Dans l’Auxerrois, les sols calcaires et argilo-calcaires, caractéristiques de la région, ont une capacité variable à retenir cette eau. Si l’hiver est trop sec, la vigne pourrait commencer sa saison avec un déficit hydrique qui influencera son développement printanier.
Cependant, une pluie hivernale excessive peut s’avérer néfaste, notamment pour les sols mal drainés. Certains secteurs de l’Auxerrois, comme les terrains situés en contrebas des collines, sont particulièrement sensibles à l’engorgement hydrique, qui peut asphyxier les racines. Cet équilibre délicat est une première leçon que la pluie impose aux vignerons.
Le printemps : l'éveil sous surveillance
Le printemps marque le début de la croissance active avec les bourgeons qui se déploient. À ce stade, les précipitations doivent être modérées. Une pluviométrie excessive risque d’augmenter la pression des maladies cryptogamiques comme le mildiou ou l’oïdium. Ces champignons, redoutés par tous les vignerons, prolifèrent en conditions humides et chaudes, compromettant à la fois la santé des feuilles et la floraison.
En revanche, une pluviométrie insuffisante au printemps peut limiter le bon développement de la vigne, tandis que des pluies bien réparties favorisent une croissance équilibrée de la plante. Au printemps 2021, par exemple, l’Auxerrois a connu un déficit hydrique marqué, combiné à des gelées tardives. Résultat : une vendange en net recul avec des pertes de 30 à 50 % dans certains domaines, selon les données de la Chambre d’Agriculture de l’Yonne.
L'été : finesse ou stress
Lorsque les grappes se forment et mûrissent, la pluie est un facteur décisif pour la qualité finale. Un été trop sec peut conduire à du stress hydrique, limitant la taille des baies et concentrant davantage les sucres et les arômes. Si cet effet peut sembler bénéfique pour la qualité, un stress hydrique trop intense peut freiner la photosynthèse et altérer l'équilibre entre sucre et acidité, essentiel dans des cépages comme le chardonnay.
À contrario, un été trop pluvieux dilue les arômes et favorise l’apparition de maladies. La célèbre grêle de juillet 2013, qui s’est abattue sur une partie du vignoble auxerrois, illustre bien ce danger : elle a non seulement détruit une grande partie des raisins mais a également provoqué des phénomènes de pourriture avec des précipitations continues après l’orage.