Une crise sans précédent : le fléau du phylloxéra
La seconde moitié du XIX siècle fut marquée par une catastrophe majeure dans le monde du vin : l'arrivée du phylloxéra, un minuscule puceron hémiptère originaire d'Amérique du Nord. Cet insecte, insignifiant en apparence, s'est révélé être un redoutable tueur de vignes. En s'attaquant aux racines des ceps européens (Vitis vinifera), il provoquait leur affaiblissement, puis leur mort inévitable.
Le premier cas de phylloxéra en Europe aurait été identifié dans les années 1860, dans le sud de la France, à Lirac. Très rapidement, le puceron n'épargna aucune région viticole, des plaines de l’Aquitaine aux collines de la Bourgogne, jusqu'à l'Espagne, l'Italie et au-delà. À la fin du XIX siècle, on estimait que 70 % des vignobles européens avaient été détruits. Un désastre sans précédent, non seulement pour les vignerons, mais aussi pour l’ensemble de l’économie viticole, qui voyait ses terres abandonnées et ses traditions menacées.
Pourquoi l'Europe était-elle impuissante ?
Le problème résidait dans la vulnérabilité des ceps européens, totalement dépourvus de résistance face au phylloxéra. Vitis vinifera, le cépage dominant en Europe, n’avait jamais été confronté à cet insecte auparavant et n'avait donc pas développé de mécanismes de défense adaptés. En revanche, les cépages américains, bien que porteurs du parasite, avaient coévolué avec lui au fil des millénaires et s’étaient dotés de racines naturellement résistantes.